bandeau
Le Japon à travers ses symboles
categorie
Coup de projecteur
titre

Le Japon à travers ses symboles

A l’occasion de l’exposition « Summer of Japan » dans la grande salle de lecture de la Bibliothèque d’étude et du patrimoine de Toulouse, à partir du 16 mai 2023, Rosalis fait un éclairage sur trois symboles japonais : le kimono, la fleur de cerisier et les samouraïs !

Toyokuni III, Kyokusui no en, 1791-1793
Toyokuni III, Kyokusui no en, 1791-1793, Gallica

 

« Si l’on demande quel est l’esprit des îles étendues, la réponse est le parfum des fleurs de cerisier de montagne dans le Soleil levant. »

Haiku (poème court) par Motoori Yorinaga (1730-1801) 

Le kimono, une tradition ancestrale

Shigenobu, Les Amis de l'Art Japonais, 1908
Shigenobu, Les Amis de l'Art Japonais, 1908, Gallica

Le kimono est l’habit ancestral du Japon. Aussi bien porté par les femmes que par les hommes, il ressemble à une grande robe en forme de T. 

[Modèles de kimonos], 1800
[Modèles de kimonos], 1800, Bibliothèque MAD Paris

Fermé à l’aide d’une ceinture (obi), il se porte avec des chaussettes (tabi) et des sandales en bambou (zori). 

Carte postale « Tokyo Horikiri », 1928, Gallica
Carte postale « Tokyo Horikiri », 1928, Gallica

Il est apparu dès le 6e siècle, inspiré par les tenues chinoises en soie. Sous l’ère Edo (1603-1868), on choisit son kimono en fonction de son âge, de sa profession ou de son statut social, si bien que d’un seul coup d’œil on peut obtenir des informations sur le niveau hiérarchique de son interlocuteur.

Hokusai, Carte postale « Mont Fuji », 1928
Hokusai, Carte postale « Mont Fuji », 1928, Gallica

Pendant la restauration Meiji (1868-1912), après des siècles d’isolement, le Japon s’est rapproché de la culture occidentale. Après la Seconde Guerre mondiale, les Japonais délaissent le kimono sans l'abandonner. 

E. Trutat, Femme asiatique en kimono, deuxième moitié 19e s.
E. Trutat, Femme asiatique en kimono tenant une ombrelle, deuxième moitié 19e s., Rosalis

Aujourd’hui le kimono est rarement porté par les Japonais au quotidien. Il est plutôt réservé aux occasions spéciales comme la cérémonie du thé, les mariages, les visites de temples ou les funérailles. C’est un vêtement cher, qui peut coûter jusqu’à plusieurs millions de yens.

Les fleurs de cerisier ou la beauté éphémère

Eisen, Sumida tsutsumi no sakura
Eisen, Sumida tsutsumi no sakura, 1837-1844, Gallica

Le terme japonais sakura est employé afin de désigner la fleur qui pousse sur les cerisiers. Celle-ci provient du prunus serrulata, un cerisier asiatique à ne pas confondre avec les cerisiers européens car ce ne sont pas des arbres fruitiers, ils sont uniquement cultivés pour la beauté éphémère de leurs fleurs dont la floraison ne dure qu’une semaine.

Hiroshige, Ueno-kiyomizudo Shinobazu-no-ike
Hiroshige, Ueno-kiyomizudo Shinobazu-no-ike, 1856, Gallica

Les Japonais ont un lien très fort à la nature, à la fois poétique et charnel. Ils accordent beaucoup d’importance au sakura en raison de ses multiples symboles : la beauté éphémère, l’arrivée du printemps et du renouveau, mais aussi la mortalité car la fleur, aussi belle soit-elle, finit toujours par faner, montrant ainsi la fragilité d’une vie.

Hokusai, Yoshino
Hokusai, Yoshino, 1830, Gallica

Cela invite au Wabi Sabi, une philosophie esthétique ayant pour but d’accepter l’éphémère et l’imperfection de la beauté. 

Hiroshige, Kokanei Tsutsumi no hanazakari
Hiroshige, Kokanei Tsutsumi no hanazakari, 1839-1847, Gallica

La contemplation des fleurs de cerisier est devenue une activité si importante au Japon, qu’elle est devenue une fête appelée hanami. Elle se pratique depuis le 8e siècle sur l’archipel nippon. La cour impériale a repris cette coutume un siècle plus tard. Devenue une véritable fête, elle s’accompagne de lectures de poèmes et de dégustations de mets fins.

Utagawa Hiroshige, Asukayama Hanami
Utagawa Hiroshige, Asukayama Hanami, 1839-1842, Gallica

Aujourd’hui, au printemps, il est toujours d’usage de faire des pique-niques sous les cerisiers avec sa famille, ses amis ou ses collègues. Assis sur des couvertures, nombreux sont ceux qui restent des heures à contempler les pétales de sakura tomber des arbres tels de la neige.

Carte postale « Cherry blossom at Koganei »
Carte postale « Cherry blossom at Koganei », 1928, Gallica

Hanami est également associé à de nouveaux départs tels que les cérémonies d’entrée à l’école et au travail, ainsi qu’aux savoureux plats de saison parfumés au sakura.

Le samouraï, guerrier japonais

[Deux samouraïs assis], année 1880
[Deux samouraïs assis], année 1880, Gallica

Le samouraï était un guerrier japonais au service d'un grand seigneur, le daimyo. Il respectait un code d'honneur strict, le Bushido ou "voie du guerrier" promettant fidélité, loyauté, honnêteté et bravoure.

Inazō Nitobe, Le Bushido : l'âme du Japon
Inazō Nitobe, Le Bushido : l'âme du Japon, 1927, Gallica

Si les samouraïs étaient au départ de petits paysans et artisans, ils se sont spécialisés au fur et à mesure pour rejoindre la cour impériale et recevoir depuis leur plus tendre enfance un entraînement intensif de guerrier.

Toyokuni I, Dessin d'un samouraï dans un cimetière
Toyokuni I, Dessin d'un samouraï dans un cimetière, fonds Edward Gordon Craig, 1900, Gallica

Au 12e siècle, dans le Japon féodal, les samouraïs montèrent en puissance avec les clans Minamoto et les Taira qui prirent progressivement le pouvoir politique. Ils mirent en place une succession de dictatures militaires, leur permettant de contrôler le pays, d’avoir des châteaux et de bénéficier d’un statut héréditaire et de privilèges. Ce régime dura près de 700 ans, jusqu’à la restauration de Meiji en 1868. Sous l’ère Edo (1603-1868), les samouraïs devinrent fonctionnaires de l’État puis désormais objets de folklore.

Agence Rol, Guerriers en costumes anciens [à Kagoshima]
Agence Rol, Guerriers en costumes anciens [à Kagoshima] : photographie de presse, 1922, Gallica

Bien qu’assez rares, il a existé des femmes samouraïs, les onna-bugeisha. Elles pouvaient partir au combat pour protéger leur village, notamment lorsqu’il n’y avait pas suffisamment d’hommes pour défendre le territoire. Parmi elles, on peut citer la légendaire impératrice Jingū qui aurait conquis la Corée vers l’an 200. Plus tard, certaines femmes furent même à la tête de plusieurs clans telle Tomoe Gozen, femme capitaine à l’époque des Minamoto. 

Toyokuni III, Tomoe gozen, 18e s.
Toyokuni III, Tomoe Gozen, 18e s., Gallica

 

 

Pour aller plus loin...

  • Site internet Japon.fr 
  • Nelly Delay, Le Japon éternel, Découvertes Gallimard Histoire, 2017
  • Yutaka Yazawa, Vivre le Japon, Voyages Gallimard, 2019
  • Connaissance des Arts, Hors série n° 1008, Kimono, novembre 2022
  • Anne Sefrioui, Les cerisiers en fleur par les grands maîtres de l'estampe japonaise, Hazan, 2022
  • Pierre-François Souyri, Les guerriers dans la rizière : La grande épopée des samouraïs, Flammarion, 2017
  • Site internet National Géographique, article L'influence des samouraïs dans la culture japonaise

Suivez Rosalis